mural

L’œuvre

L’œuvre intitulée ‘[sɑ̃]’ (transcription phonétique) joue sur les homophones « cent », « sans » et « sang » pour interroger la valeur de l’eau en tant que ressource vitale, économique et géopolitique. Entre 2016 et 2019, la Banque nationale suisse a lancé la nouvelle série de billets intitulée « La Suisse aux multiples facettes ». Le dernier billet, celui de 100 francs, met en avant l’eau, symbolisée par le Grand Bisse d’Ayent. Avec cette première œuvre dans la commune d’Ayent, l’artiste revisite le billet pour aborder l’importance de l’eau et notre relation à l’argent. Installée sur la maison communale, la fresque combine le recto et le verso de la coupure dans une nouvelle narration. Elle débute par le Bisse d’Ayent, place la Terre au centre, et se termine par une main protectrice de l’eau, soulignant son importance universelle et appelant à sa préservation.

Cette œuvre, réalisée entièrement au spray, expose la relation directe entre l’eau et sa valeur monétaire. À travers ce prisme, elle invite à une réflexion sur les conflits et enjeux économiques liés à cette ressource. Des exemples tels que la privatisation de l’eau en Afrique par les grands groupes industriels, l’immense barrage du Nil en Éthiopie ou encore l’impact de la culture d’avocats en Amérique du Sud illustrent quelques unes des catastrophes sociales et géopolitiques associées à l’eau. Mais les rivalités et les négociations pour l’eau, sont également omniprésentes à l’échelle locale entre les communes et les régions valaisannes. Les bisses eux-même ont été sujets à disputent politiques au cœur du canton. La fresque intègre des éléments interagissant avec la lumière, comme le globe terrestre réfléchissant visible la nuit. Les valeurs monétaires du billet sont remplacées par des valeurs philosophiques, avec des textes du poète Goethe et du rappeur Oxmo Puccino, ajoutant une dimension culturelle et réflexive à l’approche ultra-réaliste du billet représenté.

Si cette œuvre nous rappelle que la gestion de l’eau est l’un des grands enjeux du XXIe siècle, l’artiste vise surtout à nous confronter à ce billet géant. Face à cette œuvre monumentale, Jasm One nous invite à questionner notre rapport à l’eau et à l’argent dans toute sa dimension.